La maladie de la mort &
Aurélia Steiner
théâtre | danse
Textes de Marguerite duras
Les liens de Moïse Touré avec l'oeuvre de Marguerite Duras sont ceux d'un marin avec l'océan. Le metteur en scène conçoit le travail qu'il mène depuis de nombreuses années sur les textes de l'écrivaine comme une véritable traversée, les agençant et les déployant au gré de ses rencontres avec les lieux et les gens, sur toute la planète, rencontres qui sont ce qui constitue son travail.
Moïse Touré est celui qui a apporté l'oeuvre de Duras en Afrique considérant qu'"il y a un lien entre Duras, elle-même exilée, et l'Afrique, là où la femme constitue le ferment de toutes les révolutions, garant de l’éducation et de la survie, où elle suscite l’espoir de tout le continent". À l’image de Duras, dit-il, la femme africaine est synonyme de résistance; elle est "un barrage contre les démons de l’existence”. Le metteur en scène a aussi invité la langue de Duras à se frotter à d'autres langues, le bambara, le vietnamien, le japonais ; à d'autres lieux que des théâtres, et à d'autres corps : de non-acteurs, d'enfants. D'une oeuvre théâtrale qu'on aurait pu croire réservée à des amateurs éclairés, Moïse Touré a fait ce choix d'extraire, lors de chaque projet, une proposition scénique qui soit à la fois universelle et construite dans un rapport singulier au territoire où elle se pose. Et c'est aujourd'hui avec deux interprètes africains (Serge-Aimé Coulibaly, burkinabé ; Mamadou Diabaté, malien) qu'il présente cette version grenobloise.
La Maladie de la mort (1982) et Aurélia Steiner (1979) marient théâtre, danse, images, lecture, pour organiser "une réflexion sur l'écriture et une réflexion sur le corps". Et sur bien plus encore, sur le théâtre lui-même par exemple, où l'on dit «des mots qui ne peuvent être entendus que s’ils sont proférés et donnés en partage pour en mesurer le poids et le sens véritable ».