Au départ, une nouvelle, inouïe. Une information, si stupéfiante qu’elle n’a pu être noyée aussitôt dans le flux ordinaire des évènements : l’enlèvement de 237 jeunes filles par le groupe Boko Haram le 15 avril 2014 dans le nord du Nigeria, à Chibok. Qu’en faire ? Qu’en dire ? Qui soit à la mesure de l’impensable.
Alors l’idée s’est imposée qu’au nombre il fallait répondre par le nombre ; qu’il fallait « éprouver » l’évènement, physiquement, que le discours n’y suffirait pas.
C’est donc 237 femmes de la région d’Annecy, de tous âges, qui ont donné un visage à ces jeunes Nigérianes, et ainsi, une existence réelle, individuelle, charnelle. Elles seront là, pour nous qui les regarderont, nos filles, nos soeurs, nos cousines, nos amies. Ces photos sont accompagnées par des paroles d’écrivains qui tenteront d’imaginer leurs sentiments, leurs gouts, leurs désirs, leurs craintes, leurs espoirs afin que chacun puisse « se représenter » la puissance de souffle, de chairs, de paroles et de regards de 237 jeunes femmes niées, leur liberté́ mutilée, leur avenir muré.